VILLERS-LES-LUXEUIL, MARNANS (70, 38) 14.12.1984

Résumé
Courtes observations du déplacement rapide et silencieux dans le ciel d'un phénomène lumineux sur une trajectoire rectiligne : rentrée dans l'atmosphère d'un petit météoroïde.
Description
Le 14 décembre 1984 en fin d'après midi, plusieurs témoins, dans des communes et départements différents de France, observent dans le ciel le passage rapide et silencieux d'un objet lumineux en forme de cigare ou de boule suivi d'une trainée. Les observations durent quelques secondes avant que l'objet ne disparaisse instantanément vers le Sud-Ouest. Quatre témoignages sur les communes de Marnans (38) et de Villers-les-Luxeuil (70) seront recueillis par la Gendarmerie. Mais d'autres témoins se font connaître par la presse locale. Ces cas n’ont pas fait l’objet en 1984 d’une enquête complémentaire susceptible de compléter les deux rapports de Gendarmerie, certes disponibles, mais relativement succincts. Extraits des archives, ces cas ont fait l’objet d’une enquête récente sans retour sur les lieux (voir le compte-rendu d'enquête).
Au vu des descriptions fournies par les témoins (aspect, déplacement, couleurs, silence, vélocité, trainée, disparition soudaine…), il apparaît hautement probable qu’ils ont été témoins du passage dans le ciel d’un petit bolide (a minima d’une superbe étoile filante), spectacle peu courant que beaucoup de personnes, dont visiblement ces témoins, n’ont jamais eu l’occasion d’observer (dans le cas contraire, ils n’auraient pas manqué de faire la comparaison).
Le contexte, tant météorologique qu’astronomique, renforce largement ce sentiment, puisque la date d’observation correspond au maximum d’activité d’un essaim d’étoiles filantes très fécond, en l’occurrence celui des Géminides. De plus, le radiant de cet essaim se situe à l’horizon Nord-Est, ce qui correspond exactement à la direction dont semblait provenir le PAN, selon les témoins.
Les heures d’observation de Marnans et de Villers-les-Luxeuil diffèrent d’environ 25 minutes.
Cet écart peut apparemment s’expliquer de la manière suivante :
- à Villers-les-Luxeuil, T1 regarde sa montre (mais le PVGN ne précise pas si son réglage a été vérifié) alors que le témoin de Marnans ne précise aucunement comment il a apprécié l’heure ;
- le témoin de Baulay (70) mentionne dans un article de presse indique 17h50 ce qui semble plutôt confirmer l’horaire donné par les témoins de Villers-les-Luxeuil ;
- s’il ne se trompe pas d’heure, le témoin de Marnans a très bien pu observer une autre étoile filante que celle vue à Villers-les-Luxeuil puisqu’en moyenne il pouvait s’en produire une toutes les 30 secondes. Provenant du même radiant, leurs aspects et leurs trajectoires pouvaient être très similaires. Toutefois, c’est assez peu probable puisqu’un seul bolide a été rapporté par la presse.
Notons enfin que l’écartement important des témoins respectivement situés à Marnans, Villers-les-Luxeuil et Baulay (mais aussi dans d’autres localités) milite très largement en faveur de l’hypothèse « bolide » car si les visions sont simultanées, le PAN ne peut alors se trouver qu’à haute altitude et se déplacer très rapidement. C’est exactement le cas pour les bolides qui sont lumineux à quelques dizaines de km d’altitude et se déplacent à des vitesses vertigineuses de ~11 à ~70km/sec à leur entrée dans l’atmosphère terrestre.
D’autres bolides ayant été observés durant les jours et semaines encadrant la date d’observation (notamment un bolide observé le 05/12/1984 en France et en Italie et qui généra de très nombreux témoignages, articles de presse et autres études astronomiques), il semble donc bien établi que la Terre traversait dans cette période une zone de son orbite assez riche en poussières cosmiques.
Ce phénomène ne présente pas vraiment de caractère d'étrangeté dans la mesure où tant la description qui en est faite que le contexte dans lequel il s'inscrit sont compatibles (voire typiques) avec cette catégorie de phénomènes atmosphériques.
Le cas est assez consistant dans la mesure où il existe 3 témoins sur un site et 1 autre témoin indépendant sur un autre site avec des descriptions similaires dans des contextes d'observation assez semblables. Seul un très léger doute subsiste sur l'heure précise ce qui peut impliquer deux bolides plutôt qu'un seul. En outre, la presse signale d’autres observations similaires et concomitantes.
Le GEIPAN classe le cas en A : ce cas paraît raisonnablement identifiable par l'entrée dans l'atmosphère d'un petit météoroïde.