CHOLET (49) 24.11.2016

Résumé
Longue observation de phénomènes stationnaires dans un ciel nuageux : méprise avec des trainées de condensation d'avion.
Description
Le GEIPAN a finalisé l’étude de certains cas enquêtés qui étaient restés en attente de classification. Il publie aujourd’hui une synthèse avec les éléments disponibles à la fois du témoignage et d’enquête recueillis à l’époque (voir le document joint).
Un témoin et son fils en voiture observent dans le ciel vers 17h15 un phénomène lumineux inhabituel "tout en longueur et pointé vers le ciel". Le témoin s'arrête et observe le PAN avec des jumelles 8x25 sans voir plus de détails. Arrivé à son domicile, le témoin cherche a retrouver ce PAN dans le ciel et fini avec des jumelles 12x50 par retrouver 2 objets, statiques, de forme triangulaire mais sombre cette fois. Les nuages finissent par cacher ces deux PANs vers 18h. Le témoin adresse au GEIPAN une reconstitution de son observation. Un seul témoignage sera recueilli sur ces phénomènes.
Le témoin semble décrire deux types de PANs différents :
1- « … un phénomène lumineux de forme inhabituelle (tout en longueur et pointé vers le ciel) vers le sud-ouest (de Cholet), à environ 20° du sol et d’une hauteur d’environ 1 degré. »
2-« … 2 objets invisibles à l’œil nu (apparemment statiques : l’un par rapport à l’autre, mais aussi par rapport aux nombreux nuages environnants) de forme triangulaire et sombres cette fois (je pense cependant qu’il s’agit des mêmes que le 1er, plus éloignés, et avec une orientation différente, c'est à dire non orientés vers le soleil). »
Cette seconde phase est agrémentée d’une photographie reconstituant la scène et dans laquelle les deux PANs sont représentés sous la forme de « V » inversés avec un point à leur base, positionnés de manière légèrement décalée en hauteur et en azimut (voir le document joint).
Le témoin indique par ailleurs que le premier PAN était de couleur blanche et d’une luminosité « éblouissante (vu en plein jour comme un lampadaire) » et que les seconds étaient de couleur sombre.
Aucun déplacement de ces PANs n’a par ailleurs été observé par le témoin.
A la question « présence d’une trainée ou d’un halo », le témoin indique de manière intéressante que « les deux branches descendantes du triangle ressemblaient à des trainées d’avion (mais d’habitude, elles sont parallèles, et un avion finit toujours par évoluer dans le ciel, même s’ils se trouve d’abord à l’horizon).»
Le témoin pense donc à de simples trainées d’avion mais rejette l’hypothèse au regard de ce qu’il connaît de ces phénomènes.
Cependant, les trainées d’avion ne sont pas toujours parallèles. En effet, dans une atmosphère très stable (pas ou peu de vent, faible humidité), elles peuvent être très courtes et, selon le nombre (biréacteur), la disposition des réacteurs de l’avion et les turbulences qu’ils génèrent, les faire s’écarter en sortie du fuselage (voir l’exemple n°4 dans le document joint).
La couleur sombre ressemble probablement à celle de l’exemple N°15 dans le document joint. Elle est typique de l’observation de telles trainées lors du crépuscule : le soleil est couché depuis quelques minutes, le ciel est encore clair et, selon la position du terminateur (ligne fictive, pouvant être au sol, marquant la limite entre la zone de l’atmosphère éclairée par le soleil et celle à l’ombre de la Terre), ces trainées pourront prendre une coloration variant du blanc au gris/noir en passant par le jaune, l’orange, voire le rouge.
Le premier PAN, observé plus tôt (17h15) était d’ailleurs lui aussi très certainement une trainée de condensation d’avion persistante (l’avion ayant temporairement traversé des zones plus humides) situé à haute altitude et donc encore bien éclairée par le soleil qui, observé depuis Cholet, se couchait le 24/11/2016 trois minutes plus tard, à 17h18. Le contraste avec les nuages environnants, plus sombres, donne cette impression « de luminosité éblouissante ».
Il est possible qu’une des trainées observées ensuite soit issue du même avion que la première, bien qu’il soit difficile de le démontrer.
Quoiqu’il en soit, l’impression d’immobilité de ces PANs s’explique de deux manières différentes :
- pour le premier, puisqu’il s’agit certainement d’une portion persistante de trainée de condensation, pour peu que le vent en altitude soit faible, elle peut persister ainsi sur place, ou quasiment, relativement longtemps.
- pour les seconds, deux paramètres entrent en ligne de compte :
a/ les avions concernés sont probablement situés très loin et très haut (le témoin indique que les PANs étaient invisibles à l’œil nu et se trouvaient assez bas sur l’horizon), leur déplacement est donc apparemment lent et peut être imperceptible, du moins sur un laps de temps assez court et dans un ciel dégagé, ce qui n’était pas le cas ici.
b/ en effet, le témoin indique que de nombreux nuages étaient présents et qu’ils se déplaçaient rapidement (donc situés relativement bas). Ce déplacement empêche le témoin de percevoir le lent déplacement des avions et de leurs trainées, qui sont de plus régulièrement masqués.
Le seul élément pouvant paraître contradictoire avec l’hypothèse, du moins pour les seconds PANs, est celle de la durée d’observation, le témoin indiquant « de façon continue entre 17h30 et 18h ».
En effet, même s’ils ont été observés de très loin et bas sur l’horizon, il semble difficile de concevoir que des avions puissent être observés aussi longtemps, qui plus est, sans que le témoin ne finisse par percevoir leur déplacement.
A 17h30, le soleil se trouvait à 1°36 sous l’horizon et à l’azimut 241°, soit au sud-ouest, tout comme les PANs (vérifié sur la photographie fournie par le témoin).
Se trouvant donc dans la même direction que le soleil tout en étant très éloignées du témoin, les trainées de condensation des avions incriminés devraient en toute logique être encore éclairées par le soleil et exhiber une coloration blanche ou orangée et non sombre s’ils ont bien été observés dès 17h30.
Pour que ces trainées aient un aspect sombre, il est donc indispensable qu’elles ne soient plus éclairées par le soleil, a fortiori si elles se trouvent dans le même azimut que lui, ce qui est bien le cas.
La seule possibilité est donc que le début de l’observation des deux derniers PANs ait débuté bien plus tard que 17h30 ; elle aurait ainsi pu durer moins bien longtemps et être davantage compatible avec l’hypothèse.
Le GEIPAN classe le cas en "B" : méprise avec des trainées de condensation d'avion.